Page:Michel - L'ornementations des reliures modernes, 1889.djvu/19

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propre nature. Il y avait des réminiscences, oui certes, mais aussi et surtout de leur goût personnel ; c’était une appropriation constante, se pliant aux désirs et aux besoins de leur temps. De là ces transformations successives qui font, comme nous l’avons déjà dit ailleurs de l’art de l’ornementation, une longue chaîne dont chaque génération vient forger un nouvel anneau. Croit-on que nos vieux maîtres tailleurs d’images emportaient au haut de leurs échafaudages un modèle qu’un architecte avait choisi dans une monographie quelconque, ainsi que cela se fait généralement de nos jours ? Ils traçaient à larges traits sur la pierre même leurs divisions géométriques, puis après une indication sommaire (les églises inachevées en ont fourni la preuve), taillant dans la pierre vive, ils laissaient courir leur ciseau suivant le caprice de leur imagination. Alors pas de répliques continuelles, un air de famille entre les divers motifs, mais de perpétuelles variantes et dans l’unité de l’œuvre le charme de la vie. Aujourd’hui on ne voyage plus, on court jetant sur les musées et les monuments un regard affairé et distrait, puis on