Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/170

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Avec non moins de tranquillité j’allai dans le parc même, où étaient les tentes délabrées, qui servaient au campement de l’armée, faire de la propagande pour la Révolution du 18 mars.

Ce délabrement des tentes, sous les arbres dépouillés de feuilles, était lamentable.

Je ne sais plus ce que je disais à ces hommes, mais je le sentais tellement qu’ils écoutaient.

Un officier, le lendemain vint à Paris par Saint-Cyr et en promit d’autres.

L’armée en ce moment n’était pas brillante, la cavalerie n’avait que des fantômes de chevaux.

Sortant du parc, j’allai à une grande librairie versaillaise, il y avait là une dame à qui j’inspirai beaucoup de confiance, j’emportai un tas de journaux, et après avoir demandé l’adresse d’un hôtel où l’on put être en sûreté, je repris le chemin de Montmartre, Je n’avais pas manqué pour m’amuser de dire pis que pendre de moi-même.

Lemoussu, Schneider, Diancourt, Burlot étaient alors commissaires à Montmartre. Je commençai par aller au bureau de Burlot que je savais de l’avis de Ferré et de Rigaud, il ne me reconnaissait pas. — Je viens de Versailles, lui dis-je, et je lui racontai l’histoire que je dis également à Rigaud et à Ferré en les traitant de Girondins, sans être sûre pourtant s’ils n’avaient pas raison, et si le sang de ce monstre n’eût point été fatal à la Commune. Rien ne pouvait être aussi fatal que l’hécatombe de mai, mais l’idée peut-être est plus grande. Quelques mois après mon voyage à Versailles, lorsque j’étais à la prison des Chantiers où le dimanche des officiers, quelques-uns ayant avec eux des drôlesses richement parées qui venaient là comme au Jardin des Plantes, l’un d’eux me dit tout à coup :

— Mais c’est vous, qui êtes venue dans le parc, à Versailles.