Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/193

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le terrain vague qui se trouvait devant la maison pour voir dans la même rue une quarantaine de gendarmes qui le suivaient. J’allai vers Flourens et lui dis :

» — Les gendarmes sont devant la maison.

» — Que faire ? dit-il, ne pas nous rendre, mille dieux !

» — Ma foi, dis-je, pas grand’chose. Occupez-vous de la fenêtre, je me charge de la porte et je pris la manille de la main gauche, mon revolver de la droite.

» Au même moment quelqu’un du dehors cherchait à entrer.

» J’ouvris et me trouvai face à face avec un gendarme, le revolver braqué sur moi.

» Sans lui laisser le temps de tirer, je lui déchargeai le mien en pleine poitrine. Le gendarme blessé se précipita dans l’escalier en appelant aux armes.

» Je le poursuivis et dans la salle d’en bas je tombai au milieu des autres gendarmes qui montaient.

» Je fus terrassé à coups de baïonnette et de crosse de fusil.

» J’avais la tête fracassée en deux endroits, la jambe droite percée de coups de baïonnette, les bras presque rompus, une côte enfoncée, la poitrine abîmée de coups, je perdais le sang par la bouche, les oreilles, le nez, j’étais à moitié mort.

» Tandis que l’on m’arrangeait de la sorte, des gendarmes étaient montés dans la chambre et avaient arrêté Flourens.

» On ne l’avait pas reconnu. En passant devant moi, il me vit à terre couvert de sang et s’écria : — O mon pauvre Cipriani !

» On me fit lever et je suivis mon ami.

» On le fit arrêter la sortie de la maison et je restai en compagnie des gendarmes à l’entrée du terrain vague.

» Flourens ayant été fouillé, on trouva dans sa poche