Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

blessés, que les vieillards encouragent les jeunes gens, que les hommes valides ne regardent pas à quelles années près pour suivre leurs frères et partager leurs périls.

» Ceux qui ayant la force se disent hors d’âge se mettent dans le cas que la liberté les mette un jour hors la loi et quelle honte pour ceux-là.

» C’est une dérision. Les gens de Versailles, citoyens, vous disent découragés et fatigués, ils mentent et le savent bien. Est-ce quand tout le monde vient à vous ? Est-ce quand de tous les coins de Paris on se range sous votre drapeau ? Est-ce quand les soldats de la ligne, vos frères, vos amis, se retournent et tirent sur les gendarmes et les sergents de ville qui poussent à vous assassiner ? Est-ce quand la désertion se met dans les rangs de nos ennemis, quand le désordre, l’insurrection règnent parmi eux et que la peur les terrifie, que vous pouvez être découragés et désespérer de la victoire.

» Est-ce quand la France tout entière se lève et vous tend la main, est-ce quand on a su souffrir si héroïquement pendant huit mois qu’on se fatiguerait de n’avoir plus que quelques jours à souffrir, surtout quand la liberté est au bout de la lutte ? Non, il faut vaincre et vaincre vite, et avec la paix le laboureur retournera à sa charrue, l’artiste à ses pinceaux, l’ouvrier à son atelier, la terre redeviendra féconde et le travail reprendra. Avec la paix nous accrocherons nos fusils et reprendrons nos outils et heureux d’avoir bien rempli notre devoir, nous aurons le droit de dire un jour : Je suis un soldat citoyen de la grande révolution.

 » Les Membres de la Commune.

» Dereure, J.-B. Clément, Vermorel,
» Paschal Grousset, Cluseret,
» Arnold, Th. Ferré. »