Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/267

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ils pouvaient livrer un mot d’ordre, ouvrir une porte.

Ils avaient été mal inspirés en cherchant par l’offre d’un million et demi à acheter Dombwroski, qui en avertit le comité de salut public.

Comment les gens de Versailles avaient-il pu s’adresser si mal. Dombwroski, chef de la dernière insurrection polonaise, qui avait résisté presque un an à l’armée russe, qui depuis avait fait la guerre du Caucase et comme général de l’armée des Vosges avait montré que ses qualités n’étaient point celles d’un traître, ne pouvait servir la réaction.

Versailles pourtant gagnait du terrain, puis semblait le reperdre, la souris victorieuse faisait tête, mordant le chat qui reculait.

Le 21 mai au soir, devait être donné un concert au bénéfice des victimes de la guerre sociale, veuves, orphelins, fédérés blessés en combattant.

Le nombre et le talent des exécutants faisaient de ces concerts de véritables triomphes. Agar y disait des vers des Châtiments. Elle y chantait la Marseillaise, d’une voix si puissante qu’elle hurlait, disaient les Versaillais.

Le dimanche 21 mai, deux cents exécutants formaient une masse d’harmonie énorme. De bonne heure l’auditoire débordait, avide d’entendre ; pourtant les cœurs se serraient, c’était la trahison qu’on sentait monter.

Un peu avant cinq heures, un officier d’état-major de la Commune, s’avança sur l’estrade et dit :

« Citoyens, M. Thiers avait promis d’entrer hier dans Paris, M. Thiers n’est pas entré, il n’entrera pas. Je vous convie pour dimanche prochain 28, à la même place, à notre concert, au profit des veuves et des orphelins de la guerre ! »

Furieusement on applaudit.

Pendant ce temps, une partie des avant-postes de Versailles entraient par la porte de Saint-Cloud.