Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/276

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de loup. Celui-là non plus, nous ne l’avons pas revu.

À nous trois, on n’eut jamais cru que nous étions si peu ; nous tenions toujours. Tout à coup voici des gardes nationaux qui s’avancent, on cesse le feu. — Je m’écrie : — Venez, nous ne sommes que trois !

Au même moment je me sens saisir, soulever et rejeter dans la tranchée de la barricade comme si on eût voulu m’assommer.

On le voulait en effet ! car c’étaient les Versaillais vêtus en gardes nationaux.

Un peu étourdie, je sens que je suis bien vivante, je me relève, plus rien, mes deux camarades avaient disparu. Les Versaillais étaient en train de fouiller les maisons près de la barricade, je m’en vais, ailleurs encore, comprenant que tout était perdu ; je ne voyais plus qu’une barrière possible, et je criais : — Le feu devant eux ! le feu ! le feu ! La Cecillia n’a pas eu de renforts pourtant. On se battait encore, celles des femmes qui n’avaient pas été tuées place blanche, se rabattirent sur les plus proches, place Pigalle.

On venait d’élever une barricade dans des rues derrière la chaussée Clignancourt, à main droite en venant du delta, les Versaillais, un moment pouvaient être pris entre deux feux, pendant que les gens peu expéditifs qui étaient là, discutaient, il n’était plus temps.

Dombwroski après avoir été porté à l’Hôtel-de-Ville fut emporté pendant la nuit vers le Père-Lachaise : En passant à la Bastille, on le déposa au pied de la colonne, où à la lueur des torches qui lui faisaient une chapelle ardente, les fédérés qui allaient mourir vinrent saluer le brave qui était mort.

Il fut enterré le matin au Père-Lachaise où il dort couché dans un drapeau rouge.

« — Voilà, dit Vermorel, celui qu’on a accusé de trahir ! Il ajouta : — Jurons de ne sortir d’ici que pour mourir. »