Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/30

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Les trois mille personnes entassées dans la salle se levèrent et applaudirent, et le tribunal affolé fit une effrayante mixture des mots de picrate de potasse, nitro-glycérine, bombes, etc., entre les mains d’une poignée d’individus, etc.

« L’Internationale dit Avrial, est non une poignée d’individus, mais la grande masse ouvrière revendiquant ses droits ; c’est l’âpreté de l’exploitation qui nous pousse à la révolte. »

Il y avait dans certaines lettres saisies des appréciations qui furent confondues avec les accusations sans que l’on comprît bien ce que cela signifiait.

Dans une lettre de Hins se trouvait le passage suivant, qui était prophétique :

« Je ne comprends pas cette course au clocher des pouvoirs de la part des sections de l’Internationale. Pourquoi voulez-vous entrer dans ces gouvernements ? Compagnons, ne suivons pas cette marche. »

Des adhésions eurent lieu à la face du tribunal. « Je ne suis pas de l’Internationale, déclare Assi, mais j’espère bien en faire partie un jour. » Ce fut son admission.

Une accusation de complot contre la vie de Napoléon III fut abandonnée par prudence ; l’idée était dans l’air, on craignait d’évoquer l’événement.

Le trouble du procureur général était si grand qu’il traita de signes mystérieux les mots de métier employés dans une lettre saisie par le cabinet noir ; le mot compagnons usité en Belgique fut incriminé. Germain Casse et Combault exprimèrent la pensée générale des accusés.

« Nous ne chercherons pas par un mensonge, dit Germain Casse, à échapper à quelques mois de prison ; la loi n’est plus qu’une arme mise au service de la vengeance et de la passion ; elle n’a pas droit au respect. Nous la voulons soumise à la justice et à