Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/333

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pagner. Bien entendu aucune cérémonie religieuse ; je meurs matérialiste comme j’ai vécu.

Porte une couronne d’immortelles sur la tombe de notre mère.

Tâche de guérir mon frère et de consoler notre père ; dis-leur bien à tous deux combien je les aimais.

Je t’embrasse mille fois et te remercie mille fois des bons soins que tu n’as cessé de me prodiguer ; surmonte la douleur et comme tu me l’as souvent promis, sois à la hauteur des événements. Quant à moi je suis heureux, j’en vais finir avec mes souffrances et il n’y a pas lieu de me plaindre. Tous mes papiers, mes vêtements et autres objets doivent être rendus, sauf l’argent du greffe que j’abandonne aux détenus moins malheureux.

Th. Ferré.

Le juge Merlin était à la fois du conseil de guerre et de l’exécution.

La province comme Paris fut couverte de sang des exécutions froides.

Le 30 novembre, deux jours après les assassinats de Satory, Gaston Crémieux de Marseille fut conduit dans la plaine qui borde la mer et qu’on appelle le Pharo ; déjà on y avait fusillé un soldat nommé Paquis, passé dans les rangs populaires.

Crémieux commanda lui-même le feu ; il voulut crier vive la République ! mais la moitié du mot seulement passa ses lèvres. Les soldats après chaque exécution défilaient devant les corps. Au son des fanfares ils le firent au Pharo, comme ils l’avaient fait à Satory.

Un peu plus tard, le père Étienne eut sa condamnation à mort commuée en déportation à perpétuité.

Des registres étaient couverts de signatures à la porte de Gaston Crémieux. Cette manifestation fit une impression de crainte au gouvernement. Se voyant