Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/360

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de mer comme aux balles, et je me reprochais vraiment de trouver le voyage si beau, tandis que dans leurs cadres Rochefort ni madame Lemel ne jouissaient de rien.

Il y avait des jours où la mer étant forte, le vent soufflant en tempête, le sillage du navire faisait comme deux rivières de diamants se rejoignant en un seul courant qui scintillait au soleil un peu loin encore.

Le 19 septembre, un bâtiment étrange est par moments en vue, tantôt forçant de voiles, tantôt diminuant ; dans la soirée il y a une manœuvre, deux coups de canon à blanc, le bâtiment disparaît, c’est la nuit, on revoit les voiles blanches au fond de l’ombre ; il ne revient plus. — Ce navire voulait-il nous délivrer ?

Le 22 septembre des hirondelles de mer se posent sur les mâts.

Voici les Canaries. Nous sommes en vue de Palma.

Bien souvent j’ai pensé aux continents, engloutis sous les mers, qui sans doute nous couvriront en quittant leurs lits, laissant un tombeau pour en sceller un autre, sans arrêter le progrès éternel.

Des baies ouvertes aux vents, au loin le pic de Téneriffe.

Plus loin encore, un sommet bleu perdu dans le ciel. Est-ce le Mont-Caldera ou des sommets de nuages ?

Les maisons de Palma semblent sortir des flots, toutes blanches comme des tombes ; au nord, sur une colline c’est la citadelle.

Les habitants qui viennent apporter des fruits sur le navire, sont magnifiques. Peut-être, ce sont ces Gouanches dont les aïeux habitaient l’Atlantide ?

Puis Sainte-Catherine Brésil où, la Virginie chassant sur ses ancres, nous pouvions découvrir tout le demi cercle de hautes montagnes dont les sommets se