Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/415

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» Arrivées à l’autre bord, le bon batelier nous dit qu’il était heureux que nous ayons reçu aussi heureusement le baptême du feu ; il nous serra la main à toutes, ajoutant que si nous avions besoin de lui il était entièrement à notre disposition.

» Ainsi nous arrivâmes au fort d’Issy. Là, un garde national me reconnut et me dit que mon mari était aussi au fort.

» Combien j’étais heureuse avec mon mari à mon côté en racontant comment le sort nous avait été favorable ! J’avais l’illusion que rien ne pouvait plus nous atteindre qu’ensemble et que nous serions réunis même dans la mort.

» Je retrouvai aussi au fort d’Issy Louise qui était partie avec le 61e de Montmartre, et je restai une quinzaine de jours au fort comme ambulancière des enfants perdus.

» Vers ce temps-là, il fallut réorganiser le comité de vigilance des femmes de Montmartre, mais Louise qui l’avait commencé au temps du siège, avec les citoyennes Poirier, Blin, d’Auguet, moi et autres, ne voulant pas rentrer des compagnies de marche, je retournai à Paris pour le comité de vigilance où nous nous occupions des ambulances, où il fallait organiser tous les secours pour les blessés, envois d’ambulancières, etc.

» J’allai dans tous les clubs faire signer la pétition par laquelle la Commune réclamait Blanqui en échange de l’archevêque.

» À notre ambulance de l’Élysée Montmartre, le comité de vigilance des femmes envoyait des députations aux enterrements, s’occupait des veuves, des mères, des enfants de ceux qui mouraient pour la liberté ; il resta sur la brèche jusqu’à la fin.

» La veille de la prise de Montmartre, le comité était réuni dans ma maison. Nous nous attachâmes