Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même s’ils ne la justifient pas. Soyons béats, souriants, sans souci des mille jeunes Français qui meurent chaque jour, depuis plus de mille jours.

La sérénité est de rigueur. Dans le quartier de l’Étoile, un bar s’appelait : « Tout va bien ». Cent pas plus loin, un autre bar s’est ouvert, qui s’est appelé : « Tout va mieux ». Quelle vaillance, dans cette surenchère d’optimisme…

8 juillet 1917.

La Chambre vient encore de se réunir en Comité secret. On y a donné d’affreux détails sur les exécutions qui suivirent les mutineries de mai. On a nommé ce général qui morigénait les membres d’un Conseil de guerre pour leur indulgence relative. On a lu à la tribune la lettre d’un jeune caporal, condamné à mort après tirage au sort parmi dix camarades. Cette lettre n’était qu’un long cri d’innocence. Elle erra dans les bureaux. Le caporal fut exécuté… On a cité le cas de ce soldat de dix-neuf ans dont les parents avaient été fusillés par les Allemands et