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efforts d’une presse habilement stylée, à l’enthousiasme que devait déchaîner une récente offensive française sur l’Aisne et l’Ailette. Pour moi, ces massacres à heure fixe m’inspirent une horreur grandissante. J’imagine seulement les mobiles qui les déterminent et les morts qu’ils coûtent.

28 novembre 1917.

Mon pauvre cahier, j’ai bien cru que je ne te rouvrirais pas…

Comment résiste-t-on à de telles secousses ?

D’abord, le coup de matraque sur le crâne : mon fils blessé… La dépêche ambiguë du médecin laisse tout craindre. Mon mari voyage, je ne sais où. Une détresse où l’on se sent réduite à rien, un immense écœurement de vivre, une envie d’achever de mourir. Puis, une révolte : « Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible… » Désormais ; un seul but : voir René. Il est à Épinal.

La valise entassée d’une main qui tremble et qui n’obéit plus. Le départ retardé par des formalités imbéciles, pendant qu’on défaille d’im-