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28 avril 1917.

Millième jour de guerre !… À cette occasion, la grosse presse a consulté l’opinion, cette opinion qu’elle a faite. Naturellement, elle ne rapporte que des propos d’une orthodoxie farouche, des appels à la guerre sans fin. Écoutez le petit bourgeois : « Nous avons été attaqués. Nous serions propres si nous lâchions la partie ! » La pauvre veuve : « On sait bien qu’il faut les chasser et leur faire payer le plus cher possible tous leurs crimes. » Le modeste débitant, derrière son comptoir : « Vaincre à tout prix, sans s’occuper du reste. » Le glorieux blessé : « Nous savons tous pourquoi nous nous battons. Vous voyez comment ils m’ont arrangé ? Si c’est permis ! Ils ne seront jamais punis comme ils le méritent. Le temps n’y fait rien. » L’héroïque ouvrière de guerre : « Y a-t-il une seule Française qui veuille la paix sans la victoire ? S’il y en avait, je ne sais pas ce qu’on devrait leur faire. Je mépriserais mon pays, s’il n’allait pas jusqu’au bout. »

Quelle unanimité ! Et pourtant… Malgré la