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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/111

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L’ESCOLE DES FILLES

Fanchon. Jusqu’à la nuict, que ma mère n’estoit pas encore venue.

Susanne. C’est à dire trois heures ou environ. Certes, c’est plus d’un coup par heure, et il avoit donc le feu au cul.

Fanchon. Quoy que c’en soit, je ne trouvois point que c’estoit trop, et ce fut bien le moyen de l’esteindre. Du depuis, nous avons continué tant que l’occasion nous a esté favorable et que nous n’y avons reçeu aucun empeschement. Voylà, ma cousine, comme les choses se sont passées depuis le temps que je ne vous ay veue et ce que j’avois à vous dire pour ce que vous m’avez demandé. Or, dites-moy un peu vostre avis là dessus.

Susanne. Certes, je vois bien à ceste heure que tu es passée maistresse en ce mestier (20), et que tu n’as plus affaire de personne pour t’apprendre parler pertinemment des choses.

Fanchon. Et pourquoy cela, ma cousine ?

Fanchon. Comment ? tu dis aussi bien en parlant, un outil, un engin, un membre, un chose, une affaire, un trou, au lieu des mots de vit et con qui sont leurs véritables noms.

Fanchon. Ma cousine, cela ne m’a pas tant cousté à apprendre comme vous diriez bien. Quand nous sommes seuls, Robinet et moy, il veut que je die vit et con, et quand nous ne

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