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Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/77

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L’ESCOLE DES FILLES.


délectant à le voir entrer et sortir, et (44) cela faisoit un bruict, cousine, comme les boulangers qui enfoncent leur poing dedans la paste et le retirent soudain, ou comme les petits enfants qui retirent leur baston de leur canonnière où ils ont desjà mis un tampon de papier.

Fanchon. Quel dévergondage, ô Dieu ! de part et d’autre. Et aviez-vous du plaisir à cela aussi, vous ?

Susanne. Pourquoy non ? Quand on s’aime bien, ce sont de petites coyonneries qui plaisent toujours et qui ne laissent pas de chatouiller un peu, et cela fait passer autant de temps agréablement, outre que l’on le trouve meilleur par après.

Fanchon. O bien donc, poursuivez, si vous le trouvez bon.

Susanne. Enfin, quand il fut las de me chatouiller de la sorte, nous allasmes, aussi nuds que nous estions, auprès du feu, où il me fit asseoir dans une chaise auprès de luy, et aussi tost alla prendre dans un coin de la chambre une bouteille d’hypocras avec certaines confitures dont il me fit manger, et je me sentis merveilleusement restaurée. Or cependant que nous mangions, il s’estoit remis auprès de moy en posture humble et suppliante, et me cajolloit comme s’il ne m’avoit jamais vue, me contant