Aller au contenu

Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
L’ESCOLE DES FILLES.


son martyre et qu’il se mouroit pour l’amour de moy, avec les plus douces paroles du monde. Si bien que, feignant d’en avoir pitié, je lui ouvrois mes cuisses, ainsi mise que j’estois, et luy, tenant son engin au poing, se traînoit à genoux entre deux, disant qu’il le vouloit seulement mettre à couvert. Et ayant aussi tost pourveu à cela, me tenant enfilée sans mouvoir davantage, ainsi en mangeant toujours nous raisonnions doucement de chaque chose, et quand il estoit à moitié mangé nous le renvoyions de bouche en bouche. Tant qu’estans lassés de ceste posture nous en recommençasmes une autre, et tantost une autre, et ainsi à l’infiny, me considérant partout, et il sembloit qu’il ne l’avoit encore jamais fait et qu’il ne s’en deust jamais soûler. Ensuite de quoy il se ravisa et prit un verre sur la table, qu’il remplit d’hypocras, et voulut que je beusse la première. Je le vuiday entièrement, et l’ayant aussitost remply pour luy il en fit autant que moy. Nous continuasmes deux ou trois fois, en sorte que les yeux nous pétilloient d’ardeur et ne respiroient que le combat naturel. Nous fismes donc trève de bonne chère, et retournant à me caresser, me prist soubs les bras et me fit lever, et quand je fus debout il fit mine de me chevaucher ainsy, et se trémoussa vers moy en se bais-