Après avoir lu le billet sabré à coups de plume, je pensai avec ses mots à lui : Ce serait chic de faire plaisir à ce vieux camarade. « Il y a trois mois, je n’aurais connu que l’irritation de voir ma retraite découverte. Pourquoi l’image de votre notaire intervint-elle dans le court débat livré entre mon égoïsme et ce meilleur que vous avez éveillé ou réveillé en moi ? Je vous vis sur la route de neige, cheminant sur les flots immobiles figés par le gel, attentive aux pas de vos cayuses, tout en prenant possession, par un regard, de la poésie éparse sous les grands arbres noirs ; vous étiez néanmoins inclinée, fraternelle, vers l’ambition haute, mesquinement exprimée par cet homme bâtisseur de cités… Brièvement, je répondis à Maignan pour me mettre à sa disposition.
Vous affirmer, Minnie, que je ne regrettai pas ma décision les jours qui suivirent, serait vous donner une fausse opinion. Mais, je sentais que, désormais, il y avait en moi un point fixe autour duquel graviterait le vol tourbillonnant des pensées, des désirs, des résolutions : leur incertitude ne serait plus qu’une apparence. Je n’ai pas voulu vous écrire avant d’être sûr d’avoir remporté la victoire.
Je suis à Nantes. Le manuscrit de ma conférence est au net. Le titre portera : « De l’établissement d’une seigneurie à la Nouvelle-France en 1760. » J’ai retrouvé dans nos archives une volu-