Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/254

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pics, aigrettes de glace éblouissante, neiges vierges, ce sont les témoins qui siègent tout autour et regardent.

Ce qui rend cet hymen touchant et grave, c’est qu’il y faut l’expresse volonté. Ils n’ont pas l’arme tyrannique du requin, ces attaches qui maîtrisent le plus faible. Au contraire, leurs fourreaux glissants les séparent, les éloignent. Ils se fuient malgré eux, échappent, par ce désespérant obstacle. Dans un si grand accord, on dirait un combat. Des baleiniers prétendent avoir eu ce spectacle unique. Les amants, d’un brûlant transport, par instant, dressés et debout, comme les deux tours de Notre-Dame, gémissant de leurs bras trop courts, entreprenaient de s’embrasser. Ils retombaient d’un poids immense… L’ours et l’homme fuyaient épouvantés de leurs soupirs.



La solution est inconnue. Celles qu’on a données semblent absurdes. Ce qui est sûr, c’est qu’en toute chose, pour l’amour, pour l’allaitement, pour la défense même, l’infortunée baleine subit la double servitude et de sa pesanteur et de la difficulté de respirer. Elle ne respire que hors de l’eau, et si