Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/309

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l’électricité du ciel, fait circuler de port en port l’avis de la tempête qui doit aller de l’un à l’autre.

Pour le marin en pleine mer, le baromètre est le grand conseiller. Sa sensibilité parfaite révèle les degrés précis du poids dont l’orage l’opprime. Muet d’abord, il a l’air de dormir. Mais un léger coup l’a frappé, coup d’archet qui prélude. Le voilà inquiet. Il répond, vibre, oscille ; il se replie, descend. L’atmosphère élastique, sous les lourdes vapeurs, pèse, puis tout à coup rebondit et remonte. Le baromètre a son orage à lui. Des lueurs de pâle lumière lui échappent parfois du mercure et remplissent son tube (Péron l’observa à Maurice). Dans les rafales, il semble respirer. « Le baromètre à eau, dans ses fluctuations, disent Daniel et Barlow, avait l’haleine, le souffle d’un animal sauvage. »

Elle avance pourtant, la cyclône, et parfois franchement, s’illuminant dans sa vaste épaisseur de toutes ses lueurs électriques. Parfois elle s’annonce par des jets, des boules de feu. En 1772, au grand ouragan des Antilles où la mer monta de soixante-dix pieds, dans le noir de la nuit, les mornes des rivages s’éclairèrent de globes enflammés.

L’approche est plus ou moins rapide. Dans l’océan Indien, semé d’îles et d’obstacles, la trombe ne fait souvent que deux milles à l’heure, tandis qu’au