Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/388

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pour vous avant toute chose ? Riez, si vous voulez, n’importe. Quoique nous soyons en juin, c’est une très-bonne cheminée, et à l’épreuve du vent. Dans notre beau pays de France, avec son froid nord-ouest, avec son pluvieux sud-ouest, qui, cette année, a régné seulement neuf mois sur douze, il faut pouvoir faire du feu en tout temps. Il faut, par un soir humide, quand votre enfant revient grelottant et ne peut reprendre chaleur avant le coucher, il faut un moment de feu clair.

Deux choses en tout logis doivent être prévues d’abord : le feu et l’eau ; — une eau passable, chose assez rare près de la mer. Si elle est tout à fait mauvaise, essayez de suppléer par la bière ou quelque boisson du pays, qui vous dispense de l’eau.

Que ne puis-je bâtir pour vous d’une parole la villa de l’avenir, telle que je l’ai dans l’esprit ! Je ne parle pas de la maison de faste, du château, que les riches voudront se faire à la mer. Je parle de l’humble maison des médiocres fortunes. C’est un art nouveau à créer, dont on ne paraît pas se douter. Ce qu’on essaye est copié de types en contradiction avec nos climats et la vie des côtes. Ces kiosques, accidentés d’ornements légers, sont bons pour des lieux abrités, mais ici ils font trembler : on croit que le vent va les emporter. Les chalets qui, dans la Suisse, étendent des toits immenses pour se