Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/128

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ils ont nié obstinément que leur père eût fait une telle chose. — Ce sont les Français, — disaient-ils. La lumière s’est faite, à la fin, malgré toutes les dénégations. Non seulement le dernier empereur a brûlé la ville sainte, mais celui-ci la démolit, et sans nécessité, en pleine paix. Il défait, refait le Kremlin, avec une barbare indifférence pour les vieilles religions du peuple russe. Il a vendu en pleine place, à l’encan, les meubles vénérables des anciens czars (pour : les refaire à neuf), le siège des Iwans, de Dimitri Donski.

Ces czars de race allemande révèlent à chaque instant leur profonde ignorance du peuple qu’ils gouvernent et de ce qu’il a de meilleur.

Exemples :

Nicolas ignorait quelle force le serment a chez le russe, et qu’ayant une fois fait serment il se sent fortement lié, et ne peut s’en croire libre qu’autant qu’on l’en délie régulièrement, légitimement. Il exigea à son avènement, sans délai ni explication, l’obéissance immédiate des troupes qui venaient de faire serment à Constantin. De là cette terrible et si légitime révolte, dont les conjurés profitèrent.

Alexandre ignorait le fond de la vie russe, la famille. Autrement, ce prince, nullement cruel, n’eût pas fait la tentative barbare de ses colonies militaires. Il lui parut tout naturel d’introduire un hôte inconnu, un soldat, dans la chaumière étroite du paysan, de faire coucher un soldat entre sa femme et sa fille. Pour marier