Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/134

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monde tout ignorant, barbare, qu’on maintient vide d’esprit, et qui le devient de tradition, si cet état durait, si l’homme descendait la pente du doute, rien ne l’y arrêterait, rien n’y ferait contrepoids ou balance ; nous aurions l’effroyable spectacle d’une démagogie sans idée, sans principe ni sentiment ; un peuple qui marcherait vers l’occident, d’un mouvement aveugle, ayant perdu son âme, sa volonté, et frappant au hasard, automate terrible, comme un corps mort galvanisé, qui frappe et peut tuer encore.

Qui sauvera la Russie de cette infernale perdition, et l’Europe de la nécessité d’exterminer ce géant ivre et fou ?

C’est surtout la pauvre Pologne.

Ce que la Russie a de meilleur en ce.moment, ce qui la rattache à l’humanité et à Dieu, c’est le mouvement de cœur que la Pologne a suscité en elle.