Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/91

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aux seigneurs, où il les effrayait des conséquences de cette révolution jacobine. Et, en même temps, les Russes, employant un moyen plus que terroriste, couraient la campagne en criant aux paysans polonais : " pillez avec nous. "

Les ravages dépassaient tout ce qu’on peut imaginer. Les armées russes, suivies d’un nombre immense de chariots, enlevaient tout, à la lettre, les objets même sans valeur et les plus insignifiants. Un prisonnier polonais vit avec étonneraient qu’un général russe, qui avait amené avec lui sa famille dans cette guerre à coup sûr, emportait, avec des magasins énormes de dépouilles de toute sorte, jusqu’à des fourgons remplis de jouets d’enfants, dont on amusait son fils.

Il ne faut pas oublier que cette invasion de la Pologne était, pour les courtisans des trois cours copartageantes, ce qu’on appelle une affaire, comme le fut, pour les courtisans de Louis XIV, la révocation de l’édit de Nantes.

Les favoris de Catherine, de l’empereur et du roi de Prusse demandaient d’avance telles terres polonaises, et se les faisaient assigner. Ce dernier prince, qui eut la plus petite part au partage, donna à ses courtisans pour 80 millions de biens dans le duché de Posen. Qu’on juge du brocantage qui se fit à Saint-Pétersbourg, entre les amants de Catherine et ceux qui, par eus, sous leur nom faisaient des affaires. Le