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Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/93

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sévère qui fît trembler sous le glaive les amis de l’ennemi.

Le temps lui manqua, la fermeté peut-être. Le peuple fit, dans sa fureur, ce que l’autorité n’avait pas fait dans sa justice. Le 9 mai, ceux de Varsovie dressèrent trois potences et pendirent trois traîtres, entre autres le principal agent de Catherine, le tyran de la Pologne, l’évêque Kossassowski.

Le 25 juin, à la nouvelle de la prise de Cracovie, un millier d’hommes environ se portent de nouveau aux prisons ; on en tire sept prisonniers, dont plusieurs, malheureusement, moins coupables de trahison que de faiblesse, étaient loin de mériter la mort. L’aveugle fureur du peuple les confondit, et ils périrent tous.

Le coup fut terrible pour Kosciusko. " J’aimerais mieux, disait-il, avoir perdu deux batailles. " Cette révolution jusque-là si pure, elle était souillée ! Ce drapeau, près de périr, il allait tomber dans le sang !… L’effet politique d’un tel acte était d’ailleurs déplorable. C’était le moment où l’on accusait Kosciusko, Kollontay et Potocki de vouloir organiser un grand massacre des nobles. Pouvait-on espérer que ceux-ci, ainsi alarmés, enverraient leurs paysans ?

Kosciusko, pour périr, voulut périr juste. Son pouvoir de dictateur, que, du reste, il laissait trop aisément contester, il le fit voir ici. Il ordonna de punir les meurtriers, et fut obéi. Le peuple de Varsovie eut hâte de se laver lui-même ; mais, comme dans une situation