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GAULE CHRÉTIENNE

celtique, la loi suivie par Jean-l’Érigène (l’Irlandais), le Breton Abailard et le Breton Descartes. Voyons comment fut amené ce grand événement. Nous ne pouvons l’expliquer qu’en esquissant l’histoire du christianisme gaulois.

Depuis que la Gaule, introduite par Rome dans la grande communauté des nations, avait pris part à la vie générale du monde, on pouvait craindre qu’elle ne s’oubliât elle-même, qu’elle ne devînt toute Grèce, tout Italie. Dans les villes gauloises on aurait en effet cherché la Gaule. Sous ces temples grecs, sous ces basiliques romaines, que devenait l’originalité du pays ? Cependant hors des villes, et surtout en s’avançant vers le Nord, dans ces vastes contrées où les villes devenaient plus rares, la nationalité subsistait encore. Le druidisme proscrit s’était réfugié dans les campagnes, dans le peuple[1]. Pescennius Niger, pour plaire aux Gaulois, ressuscita, dit-on, de vieux mystères, qui sans doute étaient ceux du druidisme. Une femme druide promit l’empire à Dioclétien. Une autre, lorsque Alexandre Sévère préparait une nouvelle attaque contre l’île druidique, la Bretagne, se présenta sur son passage, et lui cria en langue gauloise : « Va, mais n’espère point la victoire, et ne te fie point à tes soldats. » La langue et la religion nationales n’avaient donc pas péri. Elles dormaient silencieuses sous la culture romaine, en attendant le christianisme.

Quand celui-ci parut au monde, quand il substitua

  1. App. 32.