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HISTOIRE DE FRANCE

l’autre, les platoniciens faisaient du monde l’ouvrage d’un dieu inférieur ; et les ariens, leurs disciples, voyaient dans le Fils un être dépendant du Père. Les manichéens auraient fait du christianisme une religion tout orientale, les ariens une pure philosophie. Les Pères de l’Église gauloise les attaquèrent également. Au troisième siècle, saint Irénée écrivit contre les gnostiques : De l’Unité du gouvernement du monde. Au quatrième, saint Hilaire de Poitiers soutint pour la consubstantialité du Fils et du Père une lutte héroïque, souffrit l’exil comme Athanase, et languit plusieurs années dans la Phrygie, tandis qu’Athanase se réfugiait à Trèves près de saint Maximin, évêque de cette ville, et natif aussi de Poitiers. Saint Jérôme n’a pas assez d’éloges pour saint Hilaire. Il trouve en lui la grâce hellénique et « la hauteur du cothurne gaulois ». Il l’appelle « le Rhône de la langue latine ». « L’Église chrétienne, dit-il encore, a grandi et crû à l’ombre de deux arbres, saint Hilaire et saint Cyprien (la Gaule et l’Afrique). »

Jusque-là l’Église gauloise suit le mouvement de l’Église universelle ; elle s’y associe. La question du manichéisme est celle de Dieu et du monde ; celle de l’arianisme est celle du Christ, de l’homme-Dieu. La polémique va descendre à l’homme même, et c’est alors que la Gaule prendra la parole en son nom. À l’époque même où elle vient de donner à Rome l’empereur auvergnat Avitus, où l’Auvergne sous les Ferreol et les Apollinaire[1] semble vouloir former une

  1. Voyez les Éclaircissements.