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LOUIS-LE-JEUNE ET HENRI II (PLANTAGENET)

sept de nos départements, et le roi de France n’en avait pas vingt.

Dès sa naissance, Henri II s’était trouvé environné d’une popularité singulière, sans avoir rien fait pour la mériter. Son grand-père, Henri Beauclerc, était Normand, sa grand’mère Saxonne, son père Angevin. Il réunissait en lui toutes les races occidentales. Il était le lien des vainqueurs et des vaincus, du Midi et du Nord. Les vaincus surtout avaient conçu un grand espoir, ils croyaient voir on lui l’accomplissement de la prophétie de Merlin, et la résurrection d’Arthur. Il se trouva, pour mieux appuyer la prophétie, qu’il obtint de gré ou de force l’hommage des princes d’Écosse, d’Irlande, de Galles et de Bretagne, c’est-à-dire de tout le monde celtique. Il fit chercher et trouver le tombeau d’Arthur, ce mystérieux tombeau dont la découverte devait marquer la fin de l’indépendance celtique et la consommation des temps.

Tout annonçait que le nouveau prince remplirait les espérances des vaincus. Il avait été élevé à Angers, l’une des villes d’Europe où la jurisprudence avait été professée de meilleure heure. C’était l’époque de la résurrection du droit romain, qui, sous tant de rapports, devait être celle du pouvoir monarchique et de l’égalité civile. L’égalité sous un maître, c’était le dernier mot que le monde antique nous avait légué. L’an 1111, la fameuse comtesse Mathilde, la cousine de Godefroi de Bouillon, l’amie de Grégoire VII, avait autorisé l’école de Bologne, fondée par le Bolonais Irnerio. L’empereur Henri V avait confirmé cette auto-