Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
LOUIS-LE-JEUNE ET HENRI II (PLANTAGENET)

le droit, car il est dit : Ce qui a plu au prince a force de loi ; le peuple a remis tout son empire et son pouvoir à lui et en lui[1]. »

L’empereur lui-même avait dit en ouvrant la diète : « Nous, qui sommes investi du nom royal, nous désirons plutôt exercer un empire légal pour la conservation du droit et de la liberté de chacun, que de tout faire impunément. Se donner toute licence, et changer l’office du commandement en domination superbe et violente, c’est la royauté, la tyrannie[2]. » Ce républicanisme pédantesque, extrait mot à mot de Tite-Live, expliquait mal l’idéal de la nouvelle jurisprudence. Au fond, ce n’était pas la liberté qu’elle demandait, mais l’égalité sous un monarque, la suppression de la hiérarchie féodale qui pesait sur l’Europe.

Combien ces légistes devaient être chers aux princes, on le conçoit par leur doctrine, on l’apprend par l’histoire, qui partout, désormais, nous les montrera près d’eux et comme pendus à leur oreille, leur dictant tout bas ce qu’ils doivent répéter. Guillaume-le-Bâtard s’attacha Lanfranc, comme nous l’avons vu. Dans ses fréquentes absences, il lui confiait le gouvernement de l’Angleterre ; plus d’une fois il lui donna raison contre son propre frère. L’Angevin Henri, nouveau conquérant de l’Angleterre, prit pour son Lanfranc un élève de Bologne, qui avait aussi étudié le droit à Auxerre[3]. Thomas Becket, c’était son nom, était alors au service de l’archevêque de Kenterbury. Il avait,

  1. App. 90.
  2. Radevicus.
  3. Lingard.