Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/441

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
431
LOUIS IX

frère : « Tout ce que je sais, dit-il, c’est qu’il est en paradis[1]. »

Les mameluks revenant de tous côtés à la charge, les Français défendirent leurs retranchements jusqu’à la fin de la journée. Le comte d’Anjou, qui se trouvait le premier sur la route du Caire, était à pied au milieu de ses chevaliers ; il fut attaqué en même temps par deux troupes de Sarrasins, l’une à pied, l’autre à cheval ; il était accablé par le feu grégeois, et on le tenait déjà pour déconfit. Le roi le sauva en s’élançant lui-même à travers les musulmans. La crinière de son cheval fut toute couverte de feu grégeois. Le comte de Poitiers fut un moment prisonnier des Sarrasins ; mais il eut le bonheur d’être délivré par les bouchers, les vivandiers et les femmes de l’armée. Le sire de Briançon ne put conserver son terrain qu’à l’aide des machines du duc de Bourgogne, qui tiraient au travers de la rivière. Gui de Mauvoisin, couvert de feu grégeois, n’échappa qu’avec peine aux flammes. Les bataillons du comte de Flandre, des barons d’outre-mer que commandait Gui d’Ibelin, et de Gauthier de Châtillon, conservèrent presque toujours l’avantage sur les ennemis. Ceux-ci sonnèrent enfin la retraite, et Louis rendit grâces à Dieu, au milieu de toute l’armée, de l’assistance qu’il en avait reçue ; c’était, en effet, un miracle d’avoir pu défendre, avec des gens à pied et presque tous blessés, un camp attaqué par une redoutable cavalerie.

Il devait bien voir que le succès était impossible, et

  1. Joinville.