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LOUIS IX

pour chef un homme inconnu, qu’ils appelaient le grand maître de Hongrie[1]. Ils traversèrent impunément Paris, Orléans, une grande partie de la France. On parvint cependant à dissiper et détruire ces bandes[2].

Saint Louis de retour sembla repousser longtemps toute pensée, toute ambition étrangère ; il s’enferma avec un scrupule inquiet dans son devoir de chrétien, comprenant toutes les vertus de la royauté dans les pratiques de la dévotion, et s’imputant à lui-même comme péché tout désordre public. Les sacrifices ne lui coûtèrent rien pour satisfaire cette conscience timorée et inquiète. Malgré ses frères, ses enfants, ses barons, ses sujets, il restitua au roi d’Angleterre le Périgord, le Limousin, l’Agénois, et ce qu’il avait en Quercy et en Saintonge, à condition qu’Henri renonçât à ses droits sur la Normandie, la Touraine, l’Anjou, le Maine et le Poitou (1258). Les provinces cédées ne le lui pardonnèrent jamais, et quand il fut canonisé, elles refusèrent de célébrer sa fête.

Cette préoccupation excessive des choses de la conscience aurait ôté à la France toute action extérieure. Mais la France n’était pas encore dans la main du roi. Le roi se resserrait, se retirait en soi. La France débordait au dehors.

D’une part, l’Angleterre gouvernée par des Poite-

  1. Il prétendait avoir à la main une lettre de la Vierge Marie, qui appelait les bergers à la terre sainte, et pour accréditer cette fable il tenait cette main constamment fermée.
  2. « Quasi canes rabidi passim detruncati. » (Math. Paris.)