Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/569

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
559
APPENDICE

vinrent proposer à Dandolo de rendre la place : « Endementières (tandis) que il alla parler as contes et as barons, icèle partie dont vos avez oi arrières, qui voloit l’ost depecier, parlèrent as messages, et distrent lor : Pourquoy volez vos rendre vostre cité, etc. » Ces manœuvres firent rompre la capitulation. — Dans Zara, il y eut un combat entre les Vénitiens et les Français.


111 — page 363Dans le Midi, dédaigneuse opulence

« Les princes et les seigneurs provençaux qui s’étaient rendus en grand nombre pendant l’été au château de Beaucaire, y célébrèrent diverses fêtes. Le roi d’Angleterre avait indiqué cette assemblée pour y négocier la réconciliation de Raymond, duc de Narbonne, avec Alphonse, roi d’Aragon ; mais les deux rois ne s’y trouvèrent pas, pour certaines raisons ; en sorte que tout cet appareil ne servit à rien. Le comte de Toulouse y donna cent mille sols à Raymond d’Agout, chevalier, qui, étant fort libéral, les distribua aussitôt à environ dix mille chevaliers qui assistèrent à cette cour. Bertrand Raimbaud fit labourer tous les environs du château, et y fit semer jusques à trente mille sols en deniers. On rapporte que Guillaume Gros de Martel, qui avait trois cents chevaliers à sa suite, fit apprêter tous les mets dans sa cuisine avec des flambeaux de cire. La comtesse d’Urgel y envoya une couronne estimée quarante mille sols. Raimand de Venous fit brûler, par ostentation, trente de ses chevaux devant toute l’assemblée. » Histoire du Languedoc, t. III, p. 37. — (D’après Gaufrid. Vos., p. 321.)


112 — page 363Cluny eut bientôt besoin d’une réforme

Dans une Apologie adressée à Guillaume de Saint-Thierry, saint Bernard, tout en se justifiant du reproche qu’on lui avait fait d’être le détracteur de Cluny, censure pourtant vivement les mœurs de cet ordre (édit. Mabillon, t. IV, p. 33, sqq.), c. x : « Mentior, si non vidi abbatem sexaginta equos et eo amplius in suo ducere comitatu. » c. xi : « Omitto oratoriorum immensas altitudines… etc. »

Cîteaux s’éleva à côté de Cluny, etc…

Ceux de Cluny répondaient aux attaques de Cîteaux : « O, ô, Pharisæorum novum genus !… vos sancti, vos singulares… unde et habitum insoliti coloris prætenditis, et ad distinctionem cunctorum totius fere mundi monachorum, inter nigros vos candidos ostentatis. »


113 — page 367Innocent III avait écrit aux princes des paroles de ruine et de sang