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L’OR. — LE FISC. — LES TEMPLIERS

le secret. Alors le roi commença à parlementer en belles paroles, pour le réconcilier avec Charles-de-Valois. Ensuite il lui dit : « Vois, archevêque, j’ai en mon pouvoir de te faire pape, si je veux ; c’est pour cela que je suis venu vers toi ; car, si tu me promets de me faire six grâces que je te demanderai, je t’assurerai cette dignité, et voici qui te prouvera que j’en ai le pouvoir. » Alors il lui montra les lettres et délégations de l’un et de l’autre collège. Le Gascon, plein de convoitise, voyant ainsi tout à coup qu’il dépendait entièrement du roi de le faire pape, se jeta, comme éperdu de joie, aux pieds de Philippe, et dit : « Monseigneur, c’est à présent que je vois que tu m’aimes plus qu’homme qui vive, et que tu veux me rendre le bien pour le mal. Tu dois commander, moi, obéir, et toujours j’y serai disposé. » Le roi le releva, le baisa à la bouche, et lui dit : « Les six grâces spéciales que je te demande sont les suivantes : La première, que tu me réconcilies parfaitement avec l’Église, et me fasses pardonner le méfait que j’ai commis en arrêtant le pape Boniface ; la seconde, que tu rendes la communion à moi et à tous les miens ; la troisième, que tu m’accordes les décimes du clergé dans mon royaume pour cinq ans, afin d’aider aux dépenses faites en la guerre de Flandre ; la quatrième, que tu détruises et annules la mémoire du pape Boniface ; la cinquième, que tu rendes la dignité de cardinal à messer Jacobo et messer Piero de la Colonne, que tu les remettes en leur état, et qu’avec eux tu