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HISTOIRE DE FRANCE

fasses cardinaux certains miens amis. Pour la sixième grâce et promesse, je me réserve d’en parler en temps et lieu : car c’est chose grande et secrète. » L’archevêque promit tout par serment sur le Corpus Domini, et de plus il donna pour otages son frère et deux de ses neveux. Le roi, de son côté, promit et jura qu’il le ferait élire pape[1]. »

Le pape de Philippe-le-Bel, avouant hautement sa dépendance, déclara qu’il voulait être couronné à Lyon (14 nov. 1305). Ce couronnement, qui commençait la captivité de l’Église, fut dignement solennisé. Au moment où le cortège passait, un mur chargé de spectateurs s’écroule, blesse le roi et tue le duc de Bretagne. Le pape fut renversé, la tiare tomba. Huit jours après, dans un banquet du pape, ses gens et ceux des cardinaux prennent querelle, un frère du pape est tué.

Cependant la honte du marché devenait publique. Clément payait comptant. Il donnait en payement ce qui n’était pas à lui, en exigeant des décimes du clergé : décimes au roi de France, décimes au comte de Flandre pour qu’il s’acquitte envers le roi, décimes à Charles-de-Valois pour une croisade contre l’Empire grec. Le motif de la croisade était étrange ; ce pauvre empire, au dire du pape, était faible, et ne rassurait pas assez la chrétienté contre les infidèles.

Clément, ayant payé, croyait être quitte et n’avoir plus qu’à jouir en acquéreur et propriétaire, à user et abuser. Comme un baron faisait chevauchée autour de

  1. App. 45.