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HISTOIRE DE FRANCE

déclara « qu’un de ses oncles était entré dans l’ordre sain et gai, avec chiens et faucons ; au bout de trois jours, il était mort ».

Le peuple accueillait avidement ces bruits, il trouvait les Templiers trop riches[1] et peu généreux. Quoique le grand maître dans ses interrogatoires vante la munificence de l’ordre, un des griefs portés contre cette opulente corporation, c’est « que les aumônes ne s’y faisaient pas comme il convenait[2] ».

Les choses étaient mûres. Le roi appela à Paris le grand maître et les chefs ; il les caressa, les combla, les endormit. Ils vinrent se faire prendre au filet comme les protestants à la Saint-Barthélemy.

Il venait d’augmenter leurs privilèges[3]. Il avait prié le grand maître d’être parrain d’un de ses enfants. Le 12 octobre, Jacques Molay, désigné par lui avec d’autres grands personnages, avait tenu le poêle à l’enterrement de la belle-sœur de Philippe. Le 13, il fut arrêté avec les cent quarante Templiers qui étaient à Paris. Le même jour, soixante le furent à Beaucaire, puis une foule d’autres par toute la France. On s’assura de l’assentiment du peuple et de l’Université[4]. Le jour même de l’arrestation, les bourgeois furent appelés par paroisses et par confréries au jardin du roi dans la Cité ; des moines y prêchèrent. On peut juger de la

  1. Tosjors achetaient sans vendre…
    Tant va pot à eau qu’il brise.

    Chron. en vers, citée par Rayn.
  2. En Écosse, on leur reprochait, outre leur cupidité, de n’être pas hospitaliers. App. 61.
  3. App. 62.
  4. App. 63.