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DESTRUCTION DE L’ORDRE DU TEMPLE

s’y résignèrent[1]. Le pape, en effet, les réconcilia, et les recommanda au roi. Il croyait les avoir sauvés.

Philippe le laissait dire et allait son chemin. Au commencement de 1308, il fit arrêter par son cousin le roi de Naples tous les Templiers de Provence[2]. À Pâques, les États du royaume furent assemblés à Tours. Le roi s’y fit adresser un discours singulièrement violent contre le clergé : « Le peuple du royaume de France adresse au roi d’instantes supplications… Qu’il se rappelle que le prince des fils d’Israël, Moïse, l’ami de Dieu, à qui le Seigneur parlait face à face, voyant l’apostasie des adorateurs du veau d’or, dit : Que chacun prenne le glaive et tue son proche parent… Il n’alla pas pour cela demander le consentement de son frère Aaron, constitué grand prêtre par l’ordre de Dieu… Pourquoi donc le roi très chrétien ne procéderait-il pas de même, même contre tout le clergé, si le clergé errait ainsi ou soutenait ceux qui errent[3] ? »

À l’appui de ce discours, vingt-six princes et seigneurs se constituèrent accusateurs, et donnèrent procuration pour agir contre les Templiers par-devant le pape et le roi. La procuration est signée des ducs de Bourgogne et de Bretagne, des comtes de Flandre, de Nevers et d’Auvergne, du vicomte de Narbonne, du comte Talleyrand de Périgord. Nogaret signe hardiment entre Lusignan et Coucy[4].

  1. App. 68.
  2. Charles-le-Boiteux écrit à ses officiers en leur adressant des lettres encloses : « À ce jour que je vous marque, avant qu’il soit clair, voire plutôt en pleine nuict, vous les ouvrirez. 13 janvier 1308. »
  3. Raynouard.
  4. Dupuy.