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HISTOIRE DE FRANCE

Armé de ces adhésions, « le roi, dit Dupuy, alla à Poitiers, accompagné d’une grande multitude de gens, qui étaient ceux de ses procureurs que le roi avait retenus près de lui pour prendre avis sur les difficultés qui pourraient survenir[1] ».

En arrivant, il baisa humblement les pieds au pape. Mais celui-ci vit bientôt qu’il n’obtiendrait rien. Philippe ne pouvait entendre à aucun ménagement. Il lui fallait traiter rigoureusement les personnes pour pouvoir garder les biens. Le pape, hors de lui, voulait sortir de la ville, échapper à son tyran ; qui sait même s’il n’aurait pas fui hors de France ? Mais il n’était pas homme à partir sans son argent. Quand il se présenta aux portes avec ses mulets, ses bagages, ses sacs, il ne put passer ; il vit qu’il était prisonnier du roi, non moins que les Templiers. Plusieurs fois, il essaya de fuir, toujours inutilement. Il semblait que son tout-puissant maître s’amusât des tortures de cette âme misérable qui se débattait encore.

Clément resta donc et parut se résigner. Il rendit, le 1er août 1308, une bulle adressée aux archevêques et aux évêques. Cette pièce est singulièrement brève et précise, contre l’usage de la cour de Rome. Il est évident que le pape écrit malgré lui, et qu’on lui pousse la main. Quelques évêques, selon cette bulle, avaient écrit qu’ils ne savaient comment on devait traiter les accusés qui s’obstineraient à nier, et ceux qui rétracteraient leurs aveux. « Ces choses, dit le

  1. Dupuy.