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DESTRUCTION DE L’ORDRE DU TEMPLE

ruption. Lorsque le juste pèche sept fois par jour, cet ordre superbe se trouvait pur et sans péché. Un tel orgueil faisait frémir.

Ils ne s’en tenaient pas là. Ils demandaient que les frères apostats fussent mis sous bonne garde jusqu’à ce qu’il apparût s’ils avaient porté un vrai témoignage.

Ils auraient voulu encore qu’aucun laïque n’assistât aux interrogatoires. Nul doute en effet que la présence d’un Plasian, d’un Nogaret, n’intimidât les accusés et les juges.

Ils finissent par dire que la commission pontificale ne peut aller plus avant : « Car enfin nous ne sommes pas en lieu sûr ; nous sommes et avons toujours été au pouvoir de ceux qui suggèrent des choses fausses au seigneur roi. Tous les jours, par eux ou par d’autres, de vive voix, par lettres ou messages, ils nous avertissent de ne pas rétracter les fausses dépositions qui ont été arrachées par la crainte ; qu’autrement nous serons brûlés[1]. »

Quelques jours après, nouvelle protestation, mais plus forte encore, moins apologétique que menaçante et accusatrice. « Ce procès, disent-ils, a été soudain, violent, inique et injuste ; ce n’est que violence atroce, intolérable erreur… Dans les prisons et les tortures, beaucoup et beaucoup sont morts ; d’autres en resteront infirmes pour leur vie ; plusieurs ont été contraints de mentir contre eux-mêmes et contre leur ordre. Ces violences et ces tourments leur ont totale-

  1. « … Quia si recesserunt, prout dicunt, comburentur omnino. »