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DESTRUCTION DE L’ORDRE DU TEMPLE

Le 10 mai, le dimanche, jour où la commission était assemblée, les défenseurs de l’ordre s’étaient présentés devant l’archevêque de Narbonne et les autres commissaires pontificaux pour porter appel. L’archevêque de Narbonne répondit qu’un tel appel ne regardait ni lui ni ses collègues ; qu’ils n’avaient pas à s’en mêler, puisque ce n’était pas de leur tribunal que l’on appelait ; que s’ils voulaient parler pour la défense de l’ordre, on les entendrait volontiers.

Les pauvres chevaliers supplièrent qu’au moins on les menât devant le concile pour y porter leur appel, en leur donnant deux notaires qui en dresseraient acte authentique ; ils priaient la commission, ils priaient même les notaires présents. Dans leur appel qu’ils lurent ensuite, ils se mettaient sous la protection du pape, dans les termes les plus pathétiques. « Nous réclamons les saints Apôtres, nous les réclamons encore une fois, c’est avec la dernière instance que nous les réclamons. » Les malheureuses victimes sentaient déjà les flammes, et se serraient à l’autel qui ne pouvait les protéger.

Tout le secours que leur avait ménagé ce pape sur lequel ils comptaient, et dont ils se recommandaient comme de Dieu, fut une timide et lâche consultation, où il avait essayé d’avance d’interpréter le mot de relaps, dans le cas où l’on voudrait appliquer ce nom à ceux qui avaient rétracté leurs aveux : « Il semble en quelque sorte contraire à la raison de juger de tels hommes comme relaps… En telles choses douteuses, il faut restreindre et modérer les peines. »