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HISTOIRE DE FRANCE

Les commissaires pontificaux n’osèrent faire valoir cette consultation. Ils répondirent, le dimanche soir, qu’ils éprouvaient grande compassion pour les défenseurs de l’ordre et les autres frères ; mais que l’affaire dont s’occupait l’archevêque de Sens et ses suffragants était tout autre que la leur ; qu’ils ne savaient ce qui se faisait dans ce concile ; que si la commission était autorisée par le Saint-Siège, l’archevêque de Sens l’était aussi ; que l’une n’avait nulle autorité sur l’autre ; qu’au premier coup d’œil ils ne voyaient rien à objecter à l’archevêque de Sens ; que toutefois ils aviseraient.

Pendant que les commissaires avisaient, ils apprirent que cinquante-quatre Templiers allaient être brûlés. Un jour avait suffi pour éclairer suffisamment l’archevêque de Sens et ses suffragants. Suivons pas à pas le récit des notaires de la commission pontificale, dans sa simplicité terrible.

« Le mardi 12, pendant l’interrogatoire du frère Jean Bertaud[1], il vint à la connaissance des commissaires que cinquante-quatre Templiers allaient être brûlés[2]. Ils chargèrent le prévôt de l’église de Poitiers et l’archidiacre d’Orléans, clerc du roi, d’aller dire à l’archevêque de Sens et à ses suffragants de délibérer mûrement et de différer, attendu que les frères morts en prison affirmaient, disait-on, sur le péril de leurs

  1. Nom presque illisible dans le texte. La main tremble évidemment. Plus haut, le notaire a bien écrit : Bertaldi.
  2. « Quod LIIII ex Templariis… erant dicta die comburendi… » [Proces. ms., folio 72 (feuille coupée par la moitié)].