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DESTRUCTION DE L’ORDRE DU TEMPLE

âmes, qu’ils étaient faussement accusés. Si cette exécution avait lieu, elle empêcherait les commissaires de procéder en leur office, les accusés étant tellement effrayés qu’ils semblaient hors de sens. En outre, l’un des commissaires les chargea de signifier à l’archevêque que frère Raynaud de Pruin, Pierre de Boulogne, prêtre, Guillaume de Chambonnet et Bertrand de Sartiges, chevaliers, avaient interjeté certain appel par-devant les commissaires. »

Il y avait là une grave question de juridiction. Si le concile et l’archevêque de Sens reconnaissaient la validité d’un appel porté devant la commission papale, ils avouaient la supériorité de ce tribunal, et les libertés de l’Église gallicane étaient compromises. D’ailleurs sans doute les ordres du roi pressaient ; le jeune Marigni, créé archevêque tout exprès, n’avait pas le temps de disputer. Il s’absenta pour ne pas recevoir les envoyés de la Commission ; puis quelqu’un (on ne sait qui) révoqua en doute qu’ils eussent parlé au nom de la commission ; Marigni douta aussi, et l’on passa outre[1].

Les Templiers, amenés le dimanche devant le concile, avaient été jugés le lundi ; les uns, qui avouaient, mis en liberté ; d’autres, qui avaient toujours nié, emprisonnés pour la vie ; ceux qui rétractaient leurs aveux, déclarés relaps. Ces derniers, au nombre de cinquante-quatre, furent dégradés le même jour par l’évêque de Paris et livrés au bras séculier. Le mardi,

  1. App. 80.