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DESTRUCTION DE L’ORDRE DU TEMPLE

taliers[1]. En 1317, ils furent trop heureux de donner quittance finale aux administrateurs royaux des biens du Temple. Le pape s’affligeait, en 1309, de n’avoir encore qu’un peu de mobilier, pas même de quoi couvrir les frais. Mais il n’eut pas finalement à se plaindre[2].

Restait une triste partie de la succession du Temple, la plus embarrassante. Je parle des prisonniers que le roi gardait à Paris, particulièrement du grand maître. Écoutons, sur ce tragique événement, le récit de l’historien anonyme, du continuateur de Guillaume de Nangis :

« Le grand maître du ci-devant ordre du Temple et trois autres Templiers, le Visitateur de France, les maîtres de Normandie et d’Aquitaine, sur lesquels le pape s’était réservé de prononcer définitivement[3], comparurent par-devant l’archevêque de Sens, et une assemblée d’autres prélats et docteurs en droit divin et en droit canon, convoqués spécialement dans ce but à Paris sur l’ordre du pape, par l’évêque d’Albano et deux autres cardinaux légats. Comme les quatre susdits avouaient les crimes dont ils étaient chargés, publiquement et solennellement, et qu’ils persévéraient dans cet aveu et paraissaient vouloir y persévérer jusqu’à la fin, après mûre délibération du conseil, sur

  1. App. 95.
  2. « Modica bona mobilia… quæ ad sumptus et expensas… sufficere minime potuerunt. » Avignon, mai 1309. — Cependant le roi de Naples Charles II lui avait cédé la moitié des meubles que les Templiers possédaient en Provence.
  3. « … Personas reservatas ut nosti… vivæ vocis oraculo… » (1310, nov. Archives.)