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HISTOIRE DE FRANCE

près l’orme Saint-Gervais, y furent écorchés vifs, châtrés, décapités, pendus par les aisselles. De même que les prêtres cherchaient, pour venger Dieu, des supplices infinis, le roi, ce nouveau dieu du monde, ne trouvait point de peines assez grandes pour satisfaire à sa majesté outragée. Deux victimes ne suffirent pas. On chercha des complices. On prit un huissier du palais, puis une foule d’autres, hommes ou femmes, nobles ou roturiers ; les uns furent jetés à la Seine, les autres mis à mort secrètement.

Des trois princesses, une seule échappa. Philippe-le-Long, son mari, n’avait garde de la trouver coupable ; il lui aurait fallu rendre la Franche-Comté qu’elle lui avait apporté en dot. Pour les deux autres, Marguerite et Blanche, épouses de Louis-Hutin et de Charles-le-Bel, elles furent honteusement tondues et jetées dans un château fort. Louis, à son avènement, fit étrangler la sienne (15 avril 1315), afin de pouvoir se remarier. Blanche, restée seule en prison, fut bien plus malheureuse[1].

Une fois dans cette voie de crimes, l’essor étant donné aux imaginations, toute mort passe pour empoisonnement ou maléfice. La femme du roi est empoi-

    pour venger leur réputation d’honneur et de modestie, attendirent le poète, verges en main, et qu’elles voulaient le fouetter. Il aurait échappé en demandant pour grâce unique que la plus outragée frappât la première. App. 104.

  1. Elle fut, dit brutalement le moine historien, engrossée par son geôlier ou par d’autres. — D’après ce qu’on sait des princes de ce temps, on croirait aisément que la pauvre créature, dont la première faiblesse n’était pas bien prouvée, fut mise à la discrétion d’un homme chargé de l’avilir. App. 105.