Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
SUITE DU RÈGNE DE PHILIPPE-LE-BEL

sonnée, sa sœur aussi. L’empereur Henri VII le sera dans l’hostie. Le comte de Flandre manque de l’être par son fils. Philippe-le-Bel l’est, dit-on, par ses ministres, par ceux qui perdaient le plus à sa mort, et non seulement Philippe, mais son père, mort trente ans auparavant. On remonterait volontiers plus haut pour trouver des crimes[1].

Tous ces bruits effrayaient le peuple. Il aurait voulu apaiser Dieu et faire pénitence. Entre les famines et les banqueroutes des monnaies, entre les vexations du Diable et les supplices du roi, ils s’en allaient par les villes, pleurant, hurlant, en sales processions de pénitents tout nus, de flagellants obscènes ; mauvaises dévotions qui menaient au péché.

Tel était le triste état du monde, lorsque Philippe et son pape s’en allèrent en l’autre chercher leur jugement. Jacques Molay les avait, dit-on, de son bûcher, ajournés à un an pour comparaître devant Dieu. Clément partit le premier. Il avait peu auparavant vu en songe tout son palais en flammes. « Depuis, dit son biographe, il ne fut plus gai et ne dura guère[2]. »

Sept mois après, ce fut le tour de Philippe. Il mourut dans sa maison de Fontainebleau. Il est enterré[3] dans la petite église d’Avon.

Quelques-uns le font mourir à la chasse, renversé par un sanglier. Dante, avec sa verve de haine, ne trouve pas, pour le dire, de mot assez bas : « Il

  1. App. 106.
  2. À sa mort, il demeura quelque temps comme abandonné. App. 107.
  3. À côté de Monaldeschi.