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HISTOIRE DE FRANCE

mourra d’un coup de couenne, le faux-monnayeur[1] ! »

Mais l’historien français, contemporain, ne parle point de cet accident. Il dit que Philippe s’éteignit, sans fièvre, sans mal visible, au grand étonnement des médecins. Rien n’indiquait qu’il dût mourir sitôt ; il n’avait que quarante-six ans. Cette belle et muette figure avait paru impassible au milieu de tant d’événements. Se crut-il secrètement frappé par la malédiction de Boniface ou du grand maître ? ou bien plutôt le fut-il par la confédération des grands du royaume, qui se forma contre lui l’année même de sa mort ? Les barons et les nobles l’avaient suivi à l’aveugle contre le pape ; ils n’avaient pas fait entendre un mot en faveur de leurs frères, des cadets de la noblesse ; je parle des Templiers. Les atteintes portées à leurs droits de justice et de monnaie leur firent perdre patience. Au fond, le roi des légistes, l’ennemi de la féodalité, n’avait pas d’autre force militaire à lui opposer que la force féodale. C’était un cercle vicieux d’où il ne pouvait plus sortir. La mort le tira d’affaire.

Quelle part eut-il réellement aux grands événements de son règne, on l’ignore. Seulement, on le voit parcourir sans cesse le royaume. Il ne se fait rien de grand en bien ou en mal qu’il n’y soit en personne : à Courtrai et à Mons-en-Puelle (1302, 1304), à Saint-Jean-d’Angely, à Lyon (1305), à Poitiers et à Vienne (1308, 1313).

Ce prince paraît avoir été rangé et régulier. Nulle

  1. App. 108.