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HISTOIRE DE FRANCE

roi au plus éloigné des barons, au comte de Comminges, ce petit roi des hautes Pyrénées, les paroles suivantes qui, un siècle plus tôt, n’eussent pas même été comprises : « Dans tout le royaume la connaissance et la punition du port d’armes n’appartient qu’à nous[1]. »

Au commencement de ce règne, la tendance nouvelle s’annonce fortement. Le roi veut exclure les prêtres de la justice et des charges municipales[2]. Il protège les juifs[3] et les hérétiques, il augmente la taxe royale sur les amortissements, sur les acquisitions d’immeubles par les églises[4]. Il défend les guerres privées, les tournois. Cette défense motivée sur le besoin que le roi a de ses hommes pour la guerre de Flandre, est souvent répétée ; une fois même, le roi ordonne à ses prévôts d’arrêter ceux qui vont aux tournois. À chaque campagne, il lui fallait faire la presse, et réunir malgré elle cette indolente chevalerie qui se souciait peu des affaires du roi et du royaume[5].

Ce gouvernement ennemi de la féodalité et des prêtres, n’avait pas d’autre force militaire que les seigneurs, ni guère d’argent que par l’Église. De là plusieurs contradictions, plus d’un pas en arrière.

En 1287, le roi permet aux nobles de poursuivre leurs serfs fugitifs dans les villes. Peut-être en effet était-il besoin de ralentir ce grand mouvement du peuple vers les villes, d’empêcher la désertion des campagnes[6]. Les villes auraient tout absorbé ; la terre

  1. Olim Parliamenti.
  2. App. 114.
  3. App. 115.
  4. App. 116.
  5. App. 117.
  6. App. 118.