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SUITE DU RÈGNE DE PHILIPPE-LE-BEL

serait restée déserte, comme il arriva dans l’empire romain.

En 1290, le clergé arracha au roi une charte exorbitante, inexécutable, qui eût tué la royauté. Les principaux articles étaient que les prélats jugeraient des testaments, des legs, des douaires, que les baillis et gens du roi ne demeureraient par sur terres d’Église, que les évêques seuls pourraient arrêter les ecclésiastiques, que les clercs ne plaideraient point en cour laïque pour les actions personnelles, quand même ils y seraient obligés par lettres du roi (c’était l’impunité des prêtres) ; que les prélats ne payeraient pas pour les biens acquis à leurs églises ; que les juges locaux ne connaîtraient point des dîmes, c’est-à-dire que le clergé jugerait seul les abus fiscaux du clergé.

En 1291, Philippe-le-Bel avait violemment attaqué la tyrannie de l’inquisition dans le Midi. En 1298, au commencement de la guerre contre le pape, il seconde l’intolérance des évêques, il ordonne aux seigneurs et aux juges royaux de leur livrer les hérétiques, pour qu’ils les condamnent et les punissent sans appel. L’année suivante, il promet que les baillis ne vexeront plus les églises de saisies violentes ; ils ne saisiront qu’un manoir à la fois, etc.[1].

Il fallait aussi satisfaire les nobles. Il leur accorda une ordonnance contre leurs créanciers, contre les usuriers juifs. Il garantit leurs droits de chasse. Les collecteurs royaux n’exploiteront plus les successions des

  1. App. 119.