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HISTOIRE DE FRANCE

bâtards et des aubains sur les terres des seigneurs haut-justiciers : « À moins, ajoute prudemment le roi, qu’il ne soit constaté par idoine personne que nous avons bon droit de percevoir[1]. »

En 1302, après la défaite de Courtrai, le roi osa beaucoup. Il prit pour la monnaie la moitié de toute vaisselle d’argent[2] (les baillis et gens du roi devaient donner tout) ; il saisit le temporel des prélats partis pour Rome[3] ; enfin il imposa les nobles battus et humiliés à Courtrai : le moment était bon pour les faire payer[4].

En 1303, pendant la crise, lorsque Nogaret eut accusé Boniface (12 mars), lorsque l’excommunication pouvait d’un moment à l’autre tomber sur la tête du roi, il promit tout ce qu’on voulut. Dans son ordonnance de réforme (fin mars), il s’engageait envers les nobles et prélats à ne rien acquérir sur leurs terres[5]. Toutefois il y mettait encore une réserve qui annulait tout : « Sinon en cas qui touche notre droit royal[6]. »

  1. App. 120.
  2. « Signifiez à tous, par cri général, sans faire mention de prélats ni de barons, c’est à savoir que toutes manières de gens apportent la moitié de leur vaissellement d’argent blanc ». (Ord., I, 317.)
  3. L’irritation semble avoir été grande contre les prêtres ; le roi est obligé de défendre aux Normands de crier : « Haro sur les clercs ! » (Ord., I, 318.) App. 121.
  4. Ord., fin 1302.
  5. Le roi déclare qu’en réformation de son royaume, il prend les églises sous sa protection et entend les faire jouir de leurs franchises ou privilèges comme au temps de son aïeul saint Louis. En conséquence, s’il lui arrive de prononcer quelque saisie sur un prêtre, son bailli ne devra y procéder qu’après mûre enquête, et la saisie ne dépassera jamais le taux de l’amende. On recherchera par tout le royaume les bonnes coutumes qui existaient au temps de saint Louis pour les rétablir. Si les prélats ou barons ont au parlement quelque affaire, ils seront traités honnêtement, expédiés promptement. (Ord., I, 357.)
  6. App. 122.