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SUITE DU RÈGNE DE PHILIPPE-LE-BEL

portion les clercs et les laïques doivent y entrer ; la majorité est assurée aux laïques. Quant aux conseillers étrangers aux corps et appelés temporairement, Philippe-le-Long répète l’exclusion déjà prononcée, contre les prélats, par Philippe-le-Bel : « Il n’aura nulz Prélaz députez en parlement, car le Roy fait conscience de eus empeschier ou gouvernement de leurs experituautez. »

Si l’on veut savoir avec quelle vigueur agissait le parlement de Paris, il faut lire, dans le continuateur de Nangis, l’histoire de Jordan de Lille, « seigneur gascon fameux par sa haute naissance, mais ignoble par ses brigandages… » Il n’en avait pas moins obtenu la nièce du pape, et par le pape le pardon du roi. Il n’en usa que « pour accumuler les crimes, meurtres et viols, nourrissant des bandes d’assassins, ami des brigands, rebelle au roi. Il aurait peut-être échappé encore. Un homme du roi était venu le trouver ; il le tua du bâton même où il portait les armes du roi, insigne de son ministère. Appelé en jugement, il vint à Paris suivi d’un brillant cortège de comtes et de barons des plus nobles d’Aquitaine… Il n’en fut pas moins jeté dans les prisons du Châtelet, condamné à mort par les Maîtres du parlement, et, la veille de la Trinité, traîné à la queue des chevaux et pendu au commun patibulaire[1]. »

Le parlement qui défend si vigoureusement l’honneur du roi, est lui-même un vrai roi sous le rapport judiciaire. Il porte le costume royal, la longue robe, la

  1. Contin. G. de Nang.