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SUITE DU RÈGNE DE PHILIPPE-LE-BEL

nouvelle, devenue tout d’un coup la providence d’un peuple, sente la disproportion de ses moyens et de ses devoirs. Ce contraste se marque d’une manière bizarre dans l’ordonnance de Philippe-le-Long « Sur le gouvernement de son hostel et le bien de son royaume ». Il établit d’abord dans un noble préambule que Messire Dieu a institué les rois sur la terre pour que, bien ordonnés en leurs personnes, ils ordonnent et gouvernent dûment leur royaume. Il annonce ensuite qu’il entend la messe tous les matins, et défend qu’on l’interrompe pendant la messe pour lui présenter des requêtes. Nulle personne ne pourra lui parler à la chapelle, « si ce n’estoit notre confesseur, lequel pourra parler à nous des choses qui toucheront notre conscience ». Il pourvoit ensuite à la garde de sa personne royale : « Que nulle personne mescongnüe, ne garçon de petit estat, ne entre en notre garde-robe, ne mettent main, ne soient à nostre lit faire, et qu’on n’i soffre mettre draps estrangers. » La terreur des empoisonnements et des maléfices est un trait de cette époque.

Après ces détails de ménage, viennent des règlements sur le conseil, le trésor, le domaine, etc. L’État apparaît ici comme un simple apanage royal, le royaume comme un accessoire de l’Hostel[1]. — On sent partout la petite sagesse des gens du roi, cette honnêteté bourgeoise, exacte et scrupuleuse dans le menu, flexible dans le grand. Nul doute que cette ordonnance

  1. App. 135.