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HISTOIRE DE FRANCE

que ceux qui seraient convaincus fussent brûlés, sauf les lépreuses enceintes, dont on attendrait l’accouchement ; les autres lépreux devaient être enfermés dans les léproseries.

Quant aux juifs, on les brûla sans distinction, surtout dans le Midi. « À Chinon, on creusa en un jour une grande fosse, on y mit du feu copieusement, et on en brûla cent soixante, hommes et femmes, pêle-mêle. Beaucoup d’eux et d’elles, chantant et comme à des noces, sautaient dans la fosse. Mainte veuve y fit jeter son enfant avant elle, de peur qu’on ne l’enlevât pour le baptiser. À Paris, on brûla seulement les coupables. Les autres furent bannis à toujours, quelques-uns plus riches réservés jusqu’à ce qu’on connût leurs créances et qu’on pût les affecter au fisc royal avec le reste de leurs biens. Il y eut pour le roi environ cent cinquante mille livres. »

« On assure qu’à Vitry quarante juifs, en la prison du roi, voyant bien qu’ils allaient mourir, et ne voulant pas tomber dans les mains des incirconcis, s’accordèrent unanimement à se faire tuer par un de leurs vieillards qui passait pour une bonne et sainte personne, et qu’ils appelaient leur père. Il n’y consentit pas, à moins qu’on ne lui adjoignît un jeune homme. Tous les autres étant morts, les deux restant, chacun voulait mourir de la main de l’autre. Le vieillard l’emporta, et obtint à force de prières que le jeune le tuerait. Alors le jeune, se voyant seul, ramassa l’or et l’argent qu’il trouva sur les morts, se fit une corde avec des habits, et se laissa glisser du haut de la tour.